Ce passage et plus précisément l'analogie qu'il contient pose un véritable problème de logique.
Tout d'abord, il est intéressant de noter que les données dont il disposait à l'époque sur les sutures de la voûte et leur degré de fermeture sont tout à fait cohérentes avec celles dont on dispose aujourd'hui (2).
On sait également que les propriétés mécaniques des tissus vivants sont différentes des propriétés mécaniques de ces mêmes tissus post-mortem. C'est connu et les auteurs le savent depuis longtemps. Ceci étant, cette différence n'affecte pas le degré de fusion des sutures : au moment du décès d'un sujet, la suture coronale a atteint un certain degré de fusion, et ce degré sera exactement le même post-mortem.
Réfuter l'argument de l'âge de fermeture des sutures sur la base que le comportement mécanique des tissus vivants n'est pas le même in-vivo et post-mortem, alors que ça n'a rien à voir avec la choucroute, d'un point de vue logique, ça pique :-)
C'est bien tout le propos de la démarche présentée ici et dans la formation, de dire "ok les sutures sont soudées. So what ?" Le matériau os demeure pour autant (très modérément) déformable et continue à absorber contraintes et chocs en se déformant.(3)(4)
Je crois que c'est un peu ce que Sutherland à voulu dire mais il le dit mal et il faut bien l'avouer, il mélange un peu tout. Son modèle étant basé premièrement sur la mobilité articulaire des sutures (même si quelques intégristes objecteront - après avoir fait le nécessaire pour que leur tension artérielle retrouve des valeurs normales - qu'il est basé sur la "respiration primaire", alors que son "crazy thought" concerne bien cette mobilité, le reste est venu plus tard, bien plus tard, et il a été fait une réinterprétation a posteriori d'événements dont la chronologie est pourtant bien établie).
Si le modèle repose sur la mobilité des os au niveau des sutures, toute preuve de fermeture définitive des sutures vient remettre en cause tout le modèle. En soi, ce n'est rien de grave, ça arrive régulièrement dans presque toutes les disciplines, il y a un certain degré de résistance au changement mais la pièce finit toujours par tomber.
Là, sur ce point précis, on voit Sutherland dans une oeuvre de déni. Ce n'est pas un bon exemple pour ses discip… successeurs, et sur le long terme c'est totalement contre-productif dans la mesure où il embarque tout un cortège de "followers" dans une impasse dont ils devront collectivement tôt ou tard sortir.
A bon entendeur…
(1) Sutherland A, With thinking fingers. The Cranial Academy. 1962
(2) Harth S, Obert M, Ramsthaler F, Reuss C, Traupe H, Verhoff MA. Ossification degrees of cranial sutures determined with flat-panel computed tomography: narrowing the age estimate with extrema. J Forensic Sci. 2010;55(3):690–694
(3) Herring SW, Teng S. Strain in the braincase and its sutures during function. Am J Phys Anthropol. 2000;112(4):575–593chi
(4) Wang Q, Smith AL, Strait DS, et al. The Global Impact of Sutures Assessed in a Finite Element Model of a Macaque Cranium. Anat Rec. 2010;293(9):1477–1491.